(héhé)
Lalanne dit d’un ton outrageusement docte : tu sais que dans certaines tribus primitives, les gens mangent leur propre caca pour se soigner ? Kevin, le stagiaire, incrédule : tu dis ça pour me faire marcher, il tord la bouche exagérément, on dirait qu’il découvre un gâteau aux blattes pour son anniversaire. Ah non, c’est pas possible de manger sa propre merde, non, c’est juste pas possible. Si, si, poursuit doctement Lalanne, il y a une grande marmite pour tout le village, chacun y va pour se soulager, et quand le soir tombe, et que la marmite est bien pleine de caca, le medecine man danse autour en injectant la force des esprits dans le caca communale, et tout le monde fait la queue pour y manger un godet, ceux qui ont un rhume en mangent deux, ceux qui ont mal à la tête trois, etc. Les femmes qui ont leurs règles en mangent une douzaine, mais c’est peut-être que leur mari ont les boules alors ils se vengent. Et ça marche, ceux qui sont pas adaptés meurent rapidement, les autres survivent, et deviennent plus fort.
Kevin ne répond même pas, il tourne la tête vers le fond d’écran de son écran, ferme rageusement une alerte de sexe point com et cherche l’oubli dans le travail. Trois quart d’heure après il murmure : manger sa propre merde, non, c’est vraiment pas possible. Il travaille ainsi toute la matinée, avec acharnement, secouant de temps en temps le crâne, maudissant ces tribus de sauvages.
Une heure étant passée, Hermann lâche : et puis bonjour l’haleine.
Tu imagines, poursuit son voisin aussitôt, des indiens dans la jungle qui mangent du caca à longueur de journée, au bout de quelques années, l’horrible haleine de merde qu’ils se tapent. Les dents toutes jaunes, le sourire, sympa. Mon Dieu mais quelle horreur, préservez-moi d’être un sauvage, un jour. Lalanne, toujours outrageusement docte, commence : mais la merde a paraît-il des vertus... Hermann le coupe immédiatement : non, mais certains le font juste pour le plaisir, juste parce qu’ils trouvent ça bon. Hein, Kevin, le désignant de l’index, toi tu mangerais pas ta merde juste pour le plaisir ? Kevin, bondissant sur sa chaise, Kevin révolté, Kevin écoeuré, Kevin outragé, mais Kevin libéré : non, jamais de la vie ! Jamais de la vie je ne mangerai ma propre merde ! Je ne suis pas un sauvage ! Ce n’est pas possible ! Juste pas possible ! Il y avait tellement de conviction dans la voix, c’était touchant. Plutôt me désabonner de sexe point com que de manger mon caca ! Mais ça, il ne le prononça pas tout haut.
Remarque, fit Romain, une heure plus tard, le silence finalement revenu, l’haleine, c’est un bon moyen de contraception. Tu imagines, les indiens amoureux dans la jungle sauvage, qui se roulent une pelle après le médicament du soir, et qui mélangent la salive et le caca, font : bon, et bien si on priait les esprits des ancêtres au lieu de se tripoter, tu crois pas que c’est une riche idée, tiens, tout compte fait, maintenant qu’on en parle ? Remarque, hasarde, songeur, Hermann, c’est comme si tu faisais tout le temps des 69. Kevin cherche rapidement un câble USB autour de lui pour se pendre avec, afin de faire cesser les horribles images qui se dessinent dans sa tête, chargée de terribles scènes de sexe, de caca, de point com, de mygales et de poulets égorgés sous les palétuviers.
Plus tard, il se lève, puis dit, s’excusant, troublé, je vais aux toilettes. Il pense très fort, encore un godet que ces putains d’indiens ne mangeront pas, sans doute. Hey Kevin, interrompt Hermann, tu vas chier ? Ben oui, répond Kevin. Ok, fit Hermann, d’un ton neutre, toussotant, il ajouta : tire pas la chasse, au fait. Je sais pas ce que j’ai, je crois que je couve un truc.
????!!!!????
RépondreSupprimerBel hommage ...ah j'adore ;-)
RépondreSupprimerY a une faute dès le titre...
RépondreSupprimerA oui, tiens.
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